Chers frères et sœurs,
comme nous le rappelle le Siracide, « la prière des pauvres traverse les nuées » (35,17).
Nous sommes ici des mendiants de la miséricorde du Père, demandant le pardon.
L'Église est toujours l'Église des pauvres en esprit et des pécheurs qui cherchent le pardon, et non seulement l'Église des justes et des saints, mais des justes et des saints qui se reconnaissent pauvres et pécheurs.
J'ai voulu écrire les demandes de pardon qui ont été lues par certains cardinaux, parce qu'il fallait nommer nos grands péchés. Et nous les cachons ou les disons avec des mots trop polis.
Le péché est toujours une blessure dans les relations : la relation avec Dieu et la relation avec les frères et sœurs. Sœurs, frères, personne n'est sauvé seul, mais il est tout aussi vrai que le péché d'un seul a des effets sur beaucoup : de même que tout est lié dans le bien, tout est aussi lié dans le mal.
L'Église est par essence une Église de foi et de proclamation qui est toujours relationnelle, et ce n'est qu'en guérissant les relations malades que nous pourrons devenir une Église synodale. Comment pourrions-nous être crédibles dans la mission si nous ne reconnaissons pas nos erreurs et si nous ne nous abaissons pas à guérir les blessures que nous avons causées par nos péchés ?
Et la guérison de la blessure commence par la confession du péché que nous avons commis.
La parabole de l'Évangile de Luc que nous avons entendue nous présente deux hommes, un pharisien et un publicain, qui se rendent tous deux au temple pour prier. L'un se tient debout, le front haut, l'autre se tient en retrait, les yeux baissés.
Le pharisien remplit la scène de sa stature qui attire les regards, s'imposant comme un modèle. Il prétend ainsi prier, mais en réalité il se célèbre lui-même, masquant dans son assurance éphémère ses fragilités. Qu'attend-il de Dieu ? Il attend une récompense pour ses mérites et se prive ainsi de la surprise de la gratuité du salut, se fabriquant un dieu qui ne pourrait rien faire d'autre que de souscrire à un certificat de perfection présumée. Un homme fermé à la surprise, fermé à toute surprise. Il est tout entier replié sur lui-même, fermé à la grande surprise de la miséricorde. Son ego ne laisse de place à personne, pas même à Dieu.
Combien de fois, dans l'Église, nous sommes-nous comportés de la sorte ? Combien de fois avons-nous pris nous-mêmes toute la place, avec nos paroles, nos jugements, nos titres, la conviction que nous n'avons que des mérites ? Et nous perpétuons ainsi ce qui s'est passé lorsque Joseph et Marie, et le Fils de Dieu en son sein, ont frappé aux portes de l'hospitalité. Jésus est né dans une crèche parce que, comme le dit l'Évangile, « il n'y avait pas de place pour eux dans l'auberge » (Lc 2,7).
Et nous, aujourd'hui, nous sommes tous comme le publicain, nous avons ou nous voulons avoir les yeux baissés et nous ressentons, nous voulons ressentir la honte de nos péchés. Comme lui, nous nous tenons en retrait, dégageant l'espace occupé par la vanité, l'hypocrisie et l'orgueil. Disons-le aussi en tant qu'évêques, prêtres, hommes et femmes consacrés : dégageons l'espace occupé par la présomption, l'hypocrisie et l'orgueil.
Nous ne pourrions pas invoquer le nom de Dieu sans demander pardon à nos frères et sœurs, à la Terre et à toutes les créatures.
Commençons cette étape du Synode. Et comment pourrions-nous être une Église synodale sans réconciliation ? Comment pourrions-nous prétendre marcher ensemble sans recevoir et donner le pardon qui restaure la communion dans le Christ ?
Le pardon, demandé et donné, engendre une nouvelle concorde dans laquelle les différences ne s'opposent pas, et où le loup et l'agneau parviennent à vivre ensemble (cf. Is 11, 6). Courageux, l'exemple d'Isaïe !
Face au mal et à la souffrance des innocents, nous demandons : où es-tu Seigneur ? Mais la question doit nous être adressée, et nous devons nous interroger sur notre responsabilité lorsque nous ne parvenons pas à arrêter le mal par le bien. Nous ne pouvons pas espérer résoudre les conflits en alimentant une violence de plus en plus odieuse, nous racheter en causant de la douleur, nous sauver par la mort d'autrui. Comment poursuivre un bonheur payé au prix du malheur de nos frères et sœurs ?
Et cela pour tous, pour tous : laïcs, laïques, consacrés et consacrées, pour tous ! À la veille du début de l'Assemblée synodale, la confession est l'occasion de rétablir la confiance dans l'Église et en elle, confiance brisée par nos erreurs et nos péchés, et de commencer à guérir les blessures qui ne cessent de saigner, en brisant « les chaînes de la méchanceté » (Is 58, 6).
C'est ce que nous disons dans la prièreAdsumus par laquelle nous introduirons la célébration du Synode demain : « Nous sommes accablés ici par l'énormité de notre péché. Et nous ne voudrions pas que ce fardeau ralentisse la marche du Royaume de Dieu dans l'histoire.
Nous avons fait notre part, même si nous avons commis des erreurs. Nous poursuivons la mission autant que nous le pouvons ; mais maintenant nous nous tournons vers vous, les jeunes, qui attendez notre témoignage, en vous demandant pardon si nous n'avons pas été des témoins crédibles.
Et aujourd'hui, en la mémoire liturgique de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, patronne des missions, nous demandons votre intercession.
Brève pause de silence. Puis, tous se lèvent et inclinent la tête.
Le Saint-Père reprend la parole et prie :
Ô Père, nous sommes réunis ici en sachant que nous avons besoin de ton regard d'amour. Nos mains sont vides, nous ne pouvons recevoir que ce que tu peux nous donner. Nous te demandons pardon pour tous nos péchés, aide-nous à restaurer ton visage que nous avons défiguré par notre infidélité. Nous demandons pardon, avec honte, à ceux qui ont été blessés par nos péchés.
Donne-nous le courage d'un repentir sincère pour nous convertir.
Nous le demandons en invoquant l'Esprit Saint afin qu'il remplisse de sa grâce les cœurs que tu as créés, dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Nous demandons tous le pardon, nous sommes tous pécheurs, mais nous avons tous l'espoir en ton amour, Seigneur. Amen.
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PAROLES DU SAINT-PÈRE APRÈS LA PROCLAMATION DE L'ÉVANGILE
Je vous dis : Le saint Évangile est notre chemin, notre vérité, notre vie. Je vous le confie, à vous qui êtes les sentinelles du jour nouveau dans l'Église, qui se veut synodale pour la mission.
Depuis que le Verbe s'est fait chair, la parole de Jésus cherche notre chair, même si elle est faible et infidèle. Nous sommes tous pécheurs, nous sommes tous demandeurs de la miséricorde du Père, c'est pourquoi nous avons confessé nos péchés. Nous allons maintenant recevoir la bénédiction de Dieu, qui est le souffle de vie, la caresse de l'espérance qui permet à ceux qui sont tombés de se relever sans cesse. Et à nous tous, frères et sœurs, rappelons-nous qu'une seule fois, une seule fois, il est permis de regarder quelqu'un de haut : seulement pour l'aider à se relever, sinon on ne peut pas. Il est permis de regarder quelqu'un de haut pour l'aider à s'élever.
Rappelez-vous que l'Évangile doit être gardé et proclamé avec des mains innocentes et un cœur pur, et si l'un d'entre nous n'a pas des mains innocentes, n'a pas un cœur pur, au moins avec un cœur repentant.
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